Il était une fois Robert Daranc

Publié le par MHS

Le ciel sera désormais mieux informé et nous encore un plus mal. Dieu que vous n'aimiez pas cette époque tout en numérique, en réseaux sociaux déversant leur haine et tweets aussi bêtes que désespérant. Vous ce que vous aimiez c'était les journaux en papier, les gens à rencontrer, les récits à écouter, la gitane au bec, autour d'un verre de beaujolais, les histoires à raconter de votre voix chaude et profonde. Ce que vous aimiez c'était prendre ce bon vieux nagra, votre voiture au sigle de RTL  et partir vers de nouvelles aventures. Quelque soit l'heure, quelque soit le sujet, quelque soit le jour. Votre passion c'était l'information. Votre exigence, la vérité, s'en rapprocher le plus possible. Parfois, c'est vrai, vous pouviez prendre quelques libertés, seulement dans le but de la rendre plus évidente, plus signifiante et au fond plus belle. Vous saviez comme personne dénicher le petit détail qui allait tout changer. Vous parveniez, comme personne, allier la beauté des mots et un sens du narratif qui donnait l'impression à ceux qui vous écoutaient de vivre la scène à vos côtés.

Dieu que vous nous avez marqué de votre exigence, de votre passion, de votre motivation. Des souvenirs, nous en avons à la pelle, tous plus flamboyant les uns que les autres. Pour ma part je me souviendrais toujours du regard que vous m'avez lancé, lorsque je vous ai annoncé attendre un deuxième enfant : "et entre deux enfants vous comptez faire du journalisme?" m'aviez vous asséné ou lorsque je tentais de prendre un dimanche de congé, vous m'aviez appelé pour me dire "Klaus Barbie vient d'être hospitalisé", "je suis en congé Bob" avais-je tenté et vous aviez raccroché en maugréant "Barbie peut bien mourir, vous vous en foutez!". Et nous rappliquions Virginie, Serge, Pierre-Christophe et moi. Quelque soit l'heure du jour ou de la nuit, quelque soit la saison, à Pâques ou à Noel, pour voir briller votre oeil malicieux et votre sourire bienveillant quand vous vous disiez, enfin rassasié, "ça c'est de l'info Coco!". Car la bienveillance était une autre de vos marques de fabrique.

Combien de journalistes sont passés par ce bureau de Lyon en en ressortant plus tout à fait les mêmes de Jean-Yves Chaperon, Aida Touhiri, Isabelle Ribière, Franck Moulin qui dirige aujourd'hui cette radio ou Jean-Philippe- Baille qui dirige, lui, l'antenne de France-Info. Nous avons vécu, grâce à vous, une belle et drôle de vie. Sous le regard bienveillant et le sourire de Michou, la secrétaire du bureau qui le maintenait quand nous étions un peu défaillant...Michou qui accueillait nos retours de déjeuners, parfois tardifs et alcoolisés de son sourire et écoutait nos histoires rocambolesques avec cette phrase "C'est pas vrai!!". Michou, les histoires étaient vraies à quelques détails près.

Une semaine n'aurait pas été complète sans une bonne vieille engueulade avec Paris et Jacques Boutelet de préférence. Vos rapports avec la rédaction parisienne se résumant à "c'est des cons". Je me souviens de ce jour où vous étiez aller enquêter pour savoir si le beaujolais nouveau avait plutôt le goût de banane ou de framboise et qu'en début de soirée la rédaction vous avait appelé pour vous interroger en direct sur la mort de Khaled Khelkal qui venait d'être abattu par les gendarmes et de votre réponse en direct à l'antenne "si vous le dites c'est sûrement vrai!". Ce qui avait laissé pantois le journaliste. Il me semble que Patrick Chaumet n'était pas très loin...

C'est pour toutes ses raisons que nous vous avons tant aimé et aussi respectueusement. C'est pour toutes ses raisons que nous sommes aussi nombreux, aujourd'hui à vous pleurer. Nous voudrions associer Jean-Benoit Vion, Rémo Forlani, Robert Cessieux, Georges Bourdoiseau, Yves Roger et Jean-Michel Bézzina qui ont tous contribué à ce que cette radio porte un supplément d'âme. 

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