La nostalgie camarade

Publié le par MHS

La nostalgie camarade, la nostalgie est encore présente. Peut-être plus qu’à l’habitude. Elle revient avec une force décuplée. La faute, sans doute, à trop de COVID aux variants inconnus, trop de visages masqués, trop d’hôpitaux débordés, trop de soignants éreintés. Trop d’antivax totalement déboussolés, aussi. Trop de violence et pas suffisamment de bienveillance. Trop de saletés déversées sur les réseaux sociaux.

C’est une bonne nouvelle, la nostalgie est encore ce qu’elle était. Un havre de Paix dans lequel défilent des noms que l’on égrène, des visages que l’on n’oublie pas, des objets aujourd’hui disparus dont on se souvient avec avidité, des souvenirs qui remontent à la surface.

La nostalgie camarade nous fait parfois regretter d’avoir quitté des années révolues. Celles des années 70 où les jupes étaient courtes, les téléphones en bakélite noire, où il fallait composer des numéros en faisant, tourner, du doigt, un cadran dans un bruit de toupie infernale. Une époque où pour trouver une adresse, il fallait compulser d’épais annuaires écornés, jaunes ou blancs, selon les besoins. Une époque où, plutôt que de choisir une série d’un click sur une plate-forme, on se rendait dans un vidéo-club, déambuler dans les rayons étiquetés pour dénicher la cassette d’un vieux film déjà vu mille fois. Une époque où le dilemme du samedi soir consistait à choisir entre une émission de variétés de Maritie et Gilbert Carpentier et un épisode de Colombo, joué par Peter Falk, si possible réalisé par Cassavetes.

Une époque où une émission littéraire résumait à elle seule l’intelligence, la curiosité et la bienveillance du temps en recevant les plus grands noms et les plus grandes signatures du moment. On pouvait se délecter en écoutant Milan Kundera évoquer son enfance en Tchécoslovaquie puis disserter sur Kafka ou Orwell. En expliquant qu’il ne fallait pas oublier que les régimes les plus dangereux ne sont jamais façonnés par des criminels mais par des enthousiastes qui pensent avoir trouvé la Voie du Paradis, avant de se transformer en véritables criminels.

On pouvait aussi regarder Marguerite Duras discourir avec Bernard Pivot, qu’elle trouvait charmant, sur la littérature. « Il y a deux sortes de personnes » expliquait-t-elle » celles qui croient écrire et celles qui écrivent tout court ». « Jean-Paul Sartre n’a jamais écrit » assénait-t-elle avec férocité « il a eu des soucis de seconde main. C’était un moraliste, pas un écrivain ». Parfois l’intelligence soulage. Elle peut aussi prévoir. En 1985, Duras évoquait le futur avec une précision étonnante. « L’homme sera noyé dans une information constante, sur sa santé, ses loisirs. On ne sera pas loin du cauchemar ». « Il y aura des écrans partout » annonçait-t-elle « dans les waters, dans les cuisines, dans les rues. Ce ne sera plus utile de voyager. Heureusement il restera la mer » concluait-t-elle.

Une époque où la politique était un vrai métier basé sur des idées et non des concepts marketing. Une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas et où les individus respectaient un semblant de civilité et de politesse. Une époque où Eric Zemmour n’était encore qu’un journaliste qui déversait ses détestations dans des émissions de divertissement. Une époque où l’Extrême-Droite ne déterminait pas, à coups de tweets, les sujets d’actualité en se lançant dans d’inutiles polémiques sur la couleur d’un drapeau ou sur la façon dont il convient d’aimer la France.

La nostalgie n’est belle que si elle permet d’appréhender le présent. « On a les héros que l’on mérite » dit Claude Lelouch « au cinéma comme dans la vie ». L’ironie est de constater que celui qui se réfère le plus au passé est, au fond, celui qui s’accommode le mieux de son époque. Eric Zemmour est celui qui manie le mieux les codes des réseaux sociaux. Le kitsch qui entoure chaque apparition est devenu un gage de modernité. Il est celui dont les interventions suscitent le plus d’interactions, devant Emmanuel Macron. « Zemmour » explique l’écrivain Abel Quentin « est un personnage post-moderne, comme Trump. Mais il ne voit pas, obsédé par l’immigration que le vrai changement civilisationnel est celui du basculement vers un monde virtuel où la réalité n’existe plus. Et pour cause : cette nouvelle civilisation est la sienne ».

« Un jour » disait Duras «  un homme lira et tout recommencera ».

La nostalgie camarade, la nostalgie est encore présente. Peut-être plus qu’à l’habitude. Elle revient avec une force décuplée. La faute, sans doute, à trop de COVID aux variants inconnus, trop de visages masqués, trop d’hôpitaux débordés, trop de soignants éreintés. Trop d’antivax totalement déboussolés, aussi. Trop de violence et pas suffisamment de bienveillance. Trop de saletés déversées sur les réseaux sociaux.

C’est une bonne nouvelle, la nostalgie est encore ce qu’elle était. Un havre de Paix dans lequel défilent des noms que l’on égrène, des visages que l’on n’oublie pas, des objets aujourd’hui disparus dont on se souvient avec avidité, des souvenirs qui remontent à la surface.

La nostalgie camarade nous fait parfois regretter d’avoir quitté des années révolues. Celles des années 70 où les jupes étaient courtes, les téléphones en bakélite noire, où il fallait composer des numéros en faisant, tourner, du doigt, un cadran dans un bruit de toupie infernale. Une époque où pour trouver une adresse, il fallait compulser d’épais annuaires écornés, jaunes ou blancs, selon les besoins. Une époque où, plutôt que de choisir une série d’un click sur une plate-forme, on se rendait dans un vidéo-club, déambuler dans les rayons étiquetés pour dénicher la cassette d’un vieux film déjà vu mille fois. Une époque où le dilemme du samedi soir consistait à choisir entre une émission de variétés de Maritie et Gilbert Carpentier et un épisode de Colombo, joué par Peter Falk, si possible réalisé par Cassavetes.

Une époque où une émission littéraire résumait à elle seule l’intelligence, la curiosité et la bienveillance du temps en recevant les plus grands noms et les plus grandes signatures du moment. On pouvait se délecter en écoutant Milan Kundera évoquer son enfance en Tchécoslovaquie puis disserter sur Kafka ou Orwell. En expliquant qu’il ne fallait pas oublier que les régimes les plus dangereux ne sont jamais façonnés par des criminels mais par des enthousiastes qui pensent avoir trouvé la Voie du Paradis, avant de se transformer en véritables criminels.

On pouvait aussi regarder Marguerite Duras discourir avec Bernard Pivot, qu’elle trouvait charmant, sur la littérature. « Il y a deux sortes de personnes » expliquait-t-elle » celles qui croient écrire et celles qui écrivent tout court ». « Jean-Paul Sartre n’a jamais écrit » assénait-t-elle avec férocité « il a eu des soucis de seconde main. C’était un moraliste, pas un écrivain ». Parfois l’intelligence soulage. Elle peut aussi prévoir. En 1985, Duras évoquait le futur avec une précision étonnante. « L’homme sera noyé dans une information constante, sur sa santé, ses loisirs. On ne sera pas loin du cauchemar ». « Il y aura des écrans partout » annonçait-t-elle « dans les waters, dans les cuisines, dans les rues. Ce ne sera plus utile de voyager. Heureusement il restera la mer » concluait-t-elle.

Une époque où la politique était un vrai métier basé sur des idées et non des concepts marketing. Une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas et où les individus respectaient un semblant de civilité et de politesse. Une époque où Eric Zemmour n’était encore qu’un journaliste qui déversait ses détestations dans des émissions de divertissement. Une époque où l’Extrême-Droite ne déterminait pas, à coups de tweets, les sujets d’actualité en se lançant dans d’inutiles polémiques sur la couleur d’un drapeau ou sur la façon dont il convient d’aimer la France.

La nostalgie n’est belle que si elle permet d’appréhender le présent. « On a les héros que l’on mérite » dit Claude Lelouch « au cinéma comme dans la vie ». L’ironie est de constater que celui qui se réfère le plus au passé est, au fond, celui qui s’accommode le mieux de son époque. Eric Zemmour est celui qui manie le mieux les codes des réseaux sociaux. Le kitsch qui entoure chaque apparition est devenu un gage de modernité. Il est celui dont les interventions suscitent le plus d’interactions, devant Emmanuel Macron. « Zemmour » explique l’écrivain Abel Quentin « est un personnage post-moderne, comme Trump. Mais il ne voit pas, obsédé par l’immigration que le vrai changement civilisationnel est celui du basculement vers un monde virtuel où la réalité n’existe plus. Et pour cause : cette nouvelle civilisation est la sienne ».

« Un jour » disait Duras «  un homme lira et tout recommencera ».

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