La fin du politiquement correct

Publié le par MHS

Le politiquement correct est mort. Définitivement. Pour le meilleur et pour le pire.

Comme une illustration Cnews recevait un dimanche soir, pour une discussion à bâtons rompus, l’écrivain Renaud Camus. Un charmant vieux monsieur, en apparence, à la barbe blanche et l’œil pétillant. Un rien dandy dans façon de s’habiller et dans sa manière un peu précieuse de prononcer les voyelles des mots. La voix est douce, parfois mielleuse et sirupeuse. C’est sur le ton de la conversation entre gens bien élevés qu’Yvon Rouffiol s’entretient avec l’écrivain à la réputation sulfureuse. Renaud Camus, 74 ans, une œuvre plus que conséquente avec plus de 150 livres écrits, ancien socialiste et ancien défenseur de la pédophilie. L’hommes est là pour expliquer sa théorie du Grand Remplacement qu’il a développée dans le livre « Abécédaire de l’Innocence » en 2010. Yvon Rouffiol ne lésine pas sur la présentation : « Nous vivons une époque révolutionnaire » entame-t-il « les faits ne sont pas glorieux. Renaud Camus est un lanceur d’alerte, un écrivain qui met des mots sur les choses et révèle des réalités cachées ». Manque de bol la définition qu’il donne du Grand Remplacement ne convient pas au Grand Homme. « Vous donnez la définition de Wikipédia qui est aux mains des remplacistes » explique-t-il, un peu navré. Le ton est donné. Du complotisme teinté d’intellectualisme et de sourires gênés. On dit des choses rances avec élégance, en citant des grands auteurs et en invoquant la défense de la France. Nous avons à faire à un changement de peuple qui entrainera, dans une ou deux générations, un changement de civilisation » poursuit l’écrivain « il s’agit d’un crime contre l’humanité du XXIème siècle. Une colonisation qui ne peut que mal finir ».

Se balader dans la pensée de Renaud Camus, c’est un peu effectuer un voyage au bord de l’enfer. L’antisémitisme n’est jamais très loin même si ce sont les musulmans qui sont visés. L’homme puise dans le vocabulaire de l’Holocauste pour expliciter sa pensée. Elle est peuplée de négationnistes « qui ne sont plus très nombreux » précise-t-il et de remplacistes qui oeuvrent à ce changement, et qui, eux sont partout. A droite et à gauche, au gouvernement bien sûr. Ils règnent sur les médias et dans les sciences sociales. Ce qui permet à l’écrivain de réfuter les chiffres « ils sont tous faux ou manipulés ». Du coup il ne croit qu’en ce qu’il voit. Et ce qu’il voit sert de réalité.

Quant à savoir qui organise ce grand remplacement, la réponse est assez brève «  les forces de l’argent mondialisées » énonce-t-il sans précision.

Il y a quelques années, Renaud Camus avait participé à une émission de Thierry Ardisson. Reçu pour évoquer son dernier livre, il avait du s’expliquer d’un passage dans lequel il se plaignait de la trop grande présence de personnes juives dans certaines émissions : « il m’agace et m’attriste » avait-il écrit « de voir dans l’émission Panorama de France-Culture, cette civilisation, avoir pour principaux porte-paroles, une majorité de juifs français qui parlent de questions d’intérêt juif ». « Nous vivons dans une société où à la question est-ce que ceci est vrai ou pas, on substitue la question « est-ce que l’on peut le dire ou pas » » s’était-il justifié. Et de citer une phrase de Maurras pour prouver à quel point il n’est pas antisémite « rien n’est plus éloigné de ma pensée que la phrase de Maurras selon laquelle un juif ne serait pas capable de comprendre un vers de Racine ». C’est encore plus glaçant dit ainsi.

Le politiquement correct a accouché d’un monstre qui répète à l’envie la fameuse formule « on ne peut plus rien dire ». Surtout pour dire des trucs moches. A force d’hésiter et de ne pas nommer les choses, d’évoquer des violences ressenties ou de sentiment d’insécurité là où la violence est réelle, c’est désormais une caricature du réel qui est évoquée dans certains discours de droite. Le vocabulaire de l’extrême droite infuse lentement. Désormais ce sont 67 pour cent des français, selon un sondage Harris Interactive, qui se disent inquiets du Grand Remplacement. Il est symptomatique que la seule personnalité politique à s’être clairement exprimée sur le sujet soit Marine Le Pen qui a expliqué qu’elle refusait de croire à un complot en matière d’immigration mais plus sûrement à une incompétence répétée.

Il devient de plus en plus difficile d’avoir une vue claire de la situation, surtout lorsqu’une partie de la presse, au nom du politiquement correct, se refuse à décrire le réel. En 2002 était publié l’ouvrage collectif « Les Territoires Perdus de la République ». Le livre regroupait des témoignages d’enseignants aux prises avec la réalité des banlieues. A l’époque une partie de la presse de gauche avait fustigé la publication, y voyant une stigmatisation inutile de la population de banlieue. Aujourd’hui, c’est une autre partie de la presse, pour de mêmes raisons idéologiques, qui stigmatise systématiquement et vient au secours de la machine Zemmour quand elle menace de s’essouffler. Comme un naufrage, deux grands noms du journalisme se sont affrontés un soir dans l’émission « C ce soir » dans une piteuse polémique. Franz-Olivier Giesbert, expliquant regretter de ne plus entendre parler français lorsqu’il se rend à la gare St Charles, « j’ai le cœur serré » a-t-il expliqué, provoquant l’ironie de Laure Adler « Il n’y a pas assez de blancs, c’est ça ? ». Il n’y a pas que la vieillesse qui est un naufrage.

 

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